Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/320

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316 LIVRE V, _GHAP1TBE·V ' on vit le jeune Caton, docte et froid philosophe, distillant ‘ de ses lèvres les axidmes de l'école, toujours assis un livre a la main, ne sachant ni la guerre ni métier quelconque, et voyageant dans les nuages de la sagesse contemplative. Ge fut ainsi pourtant que lui arriva l’in- fluence morale, et par elle l'influence politique. En ces temps misérables et lâches, son courage, ses vertus néga- tives imposèrent à la foule : il fit école à son tour; et plus _ d’un — tel modèle, telles copiesl —— s’ajustant sur l’échan- 'tillon vivant, l’imita jusquà la charge. Dans la politique il pesa par les memes moyens. Il était le seul conser· vateur ayant un nom, chez qui à défaut de pénétration et de talent on pût à toute heure faire appel à l’honneur et au courage. Toujours pret, qu’il en fût ou non besoin, à payer de sa personne, il devint bientot le chef reconnu A des optimates , alors que ni son âge, ni son rang, ni ses capacités ne justitiaient un tel choix. La circonstance _ n’exigeait-elle que la résistance opiniàtre d’un seul homme, . Caton était là, et fixait le succès : dans les questions de · détail, dans les questions de tinances, il se montrait actif et utile : il ne manquait pas uneséance au Sénat. Sa questure fut célèbre : tant qu’il vécut, il éplucha le budget des dépenses publiques, et, comme bien on pense, guerroya sans cesse contre les fermiers du tisc. Dïailleurs n’ayant rien, mais rien de l’homme dfétat, impuissant à discerner devant lui le but politique ou à embrasser les situations : ` ne sachant, pour toute tactique, que faire front devant .quiconque rompait ou semblait rompre avec le catéchisme traditionnel des mœurs et des idées oligarchiques; par* suite, frappant aussi souvent que sur l’ennemi sur ceux deson bord, enfin, le vrai Don Quichotte du_parti, il fit voir, par toute sa conduite et ses actes, que s’il existait encore une aristocratie dans Rome, la foi politique aris- tocratique n'était plus rien'qu’une chimère. . A continuer le combat contre -un ennemi à terre, l’hon- neur eût été mince désormais. Pourtant, les démocrates,