Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/329

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CONFLITS DES PARTIS 325 l'absent. Aux yeux de l’historien,, leurs efforts pour , échapper à la dictature militaire dont ils sentent la ` menace, sont `autrement signiûcatifs que l’agitation , I bruyante menée contre_la noblesse, masque habile dont _ ils couvrent leurs desseins. Ils se remuaient, il est vrai, comme derrière un nuage , et les traditions et les sources ne s’éclairent à ce moment que par de rares échappées : ' à jeter les ténèbres sur les événements, l’ère postérieure aussi bien que les temps présents avait ses_ bonnes `raisons. Dans l’ensemble,_ les tendances, la marche des faits, le but, tout est manifeste. Au pouvoir militaire on ne pouvait faire elilcacement échec que par une seconde dictature militaire. Les démocrates voulurent donc, 'à ' l’instar de Marius et de Cinna, s’emparer des rênes dn gouvernement; ils voulurent donner à l’un de leurs chefs, · soit la conquête de l’Égypte, soit la régence de l’Espagne, _ soit tout autre commandement ordinaire ou extraordi- naire, et dans ce général nouveau' et dans son armée, opposer un fort contrepoids à Pompée et à son armée. Mais pour en arriver là, il leur fallait une révolution, en . apparence dirigée contre le gouvernement nominal, en réalité contre· Pompée, contre le monarque désigné ‘ : cette révolution, tous y travaillèrent avec ardeur, et du jour ou furent votées les lois Gabinia et Manilia,jusqu’à celui du retour de Pompée (688-692), la conspiration fut w62,,,_J_.C_ en permanence dans Rome. La capitale était en proie à la ûèvre : la colère sourde des gens d’argent, les paiements arrêtés, les nombreuses banqueroutes, tous ces avant- V ‘ Quiconque embrasse et étudie la situation politique du moment, n`aui·a pas esoin de preuves spéciales et directes pour se convaincre que le but final des machinations démocratiques de 688 et des années 66. suivantes n’était point tant le renversement du Sénat que celui de , Pompée. Ces preuves d'ailleurs ne manqueront pas. Les lois Gabinia- ltlanilia avaient porté un coup mortel à la démocratie. Salluste l’atteste (Catil. 39): il est aussi attesté que la conspiration de 688- 66. 689, et que la rogation de Servilius n'en voulaient qu’à Pompée (Cal. 65. 19; Valer. Max. 6, 2, L; Cic. de leg. agr. 2, 17, L6). Enfin, le rôle de Crassus dans la conjuration montre assez que c'était à ce dernier qu‘on s‘nttaquait. A