Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/361

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RETOUR DE POMPEE ` 357 révolte` de Gatilina, tout le parti du juste-milieu se ran- gerait derrière unpouvoir qui promettait l’ordre et la sécurité, fut-ce au prix des libertés publiques, que la foule des capitalistes, soucieuse uniquement de ses intérêts matériels, qu'une grande partie de l’aristocratie, politi- quement désorganisée et sans espoir pour elle-méme, · accueilleraient volontiers la transaction opportune qui ` leur garantirait, par la main du prince, la richesse, le rang et l’influence? Enfin toute une fraction de la démo- cratie, alfaissée sous le coup de récentes blessures, ne s’acc0mm0derait-elle pas d’un chef militaire porté jusque · sur le trone, aussitôt qu’elle en pourrait attendre la réalisation de bon nombre de ses vœux. Du reste, quel que fut l’état des partis, en général, tout n’allait-il point au moins dépendre de ·l'attitude des partis en Italie, tant au regard de Pompée que de ses légions victorieuses? Vingt ans avant, quand il avait conclu,avec Mithridate une paix jugée nécessaire, Sylla, revenant dans Rome, s’était vu en face de toute une immense faction libérale, armant depuis longtemps, englobant les aristocrates mo- dérés, les spéculateurs aux opinions avancées et jusqu’aux anarchistes. Pourtant, avec ses cinq légions seules, il avait su faire une restauration qui allait contre le cours naturel des choses. Bien moins dillicile etait l_a tache de Pompée. Il revenait, lui, ayant pleinement et conscien- cieusement accompli sur terre et sur 'mer les missions · 'diverses dont il s’était chargé. _Nulle opposition sérieuse à craindre, si ce n’est peut-étre de la part des partis extrêmes, impuissants chacun 'pris en soi, et qui, s’ils se mettaient ensemble, n’étaient rien qu'une coalition de factions ardentes à se faire la_guerre ou séparées par l’abtme. Cette opposition n’avait ni armes, ni armée, ni tète : en Italie, nulle organisation: dans les provinces nul appui pou_r elle; et son général, elle avait à le cher- cher encore. Où trouver dans sesrangs un capitaine de renom, un otïlcier assez osé pour appeler les citoyens