Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/381

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

SECONDE COALITION 377 étaient le gage de son éloignement persistant du camp des aristocrates : les meneurs, parmi ceux-ci, continuaient d’ailleurs à les tenir pour nulles, et par là même resser- ` . raient le nœud de la coalition. Bientôt méme le_rappro- q A I chement entre les chefs coalisés devint plus étroit encore. César avait loyalement et fidèlement tenu parole, sans ` marchander ni chicaner jamais : il avait combattu pour la loi agraire demandée par Pompée avec habileté et énergie, autant que s’il se fut agi de sa propre chose. Pompée, sensible à ces façons droites et sincères, se mon- · trait à son tour animé de bon vouloir pour l’homme qui, d’un tour de main, l’avait débarrassé de ce rôle de solli- citeur qu'il jouait si pauvrement depuis tantôt trois ans. ` Ses fréquents et plus familiers contacts avec·son asso- _ cié, l’irrésistible amabilité de celui-ci firent le reste: l’alliance des intérets se changea en alliance d’amitié, . se manifestantà la fois par ses effets et par des gages ` échangés. Le mariage de Pompée avec l’unique ûlle de . . César, agée de vingt—trois ans, annonça publiquement et sans détours l’avenement du pouvoir absolu, de A ' · fondation nouvelle. Julia avait hérité du charme de son père ·: elle vécut dans le plus heureux commerce avec un époux, du double plus agé qu’elle : les citoyens avides de calme et d’ordre, après tant de maux et de secousses avaient vu dans leurs noces la promesse et la A garantie d’un avenir de paix prospère. · Pendant que César et Pompée s’unissaient ainsi par des sitaauan liens plus étroits et plus solides, la cause aristocratique d° mi’°°°'m°` s’en allait sans espoir à la dérive. Les aristocrates voyaient l’épee suspendue sur leurs têtes : ils connaissaient César, - et ne pouvaient douter quo son bras ne frappat sans hésiter, en 'cas qu'il fut hesoin : a nous sommes pris A » par tous les côtés, » écrit l'un d’eux, a nous ne refusons » plus la servitude : la mort et l’exil, ces maux bien · . » moindres, nous semblent les plus grands maux: on n’a » qu'une voix pour gémir sur le présent: nul n’ose parler