Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/383

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SECONDE GOALITION 379 d’embarras en étranglant ce dernier dans sa prison, et on laissa tomber le proces. Cependant, on avait jusqu'à i satiété constaté et—l'etat de dissolution profonde du parti ` aristocratique, et les frayeurs immenses des nobles: on avait vu tel grand personnage, un Lucius Lucullus, par exemple, tomber aux genoux de César, et déclarer hau- , tement que par raison d’age il se retirait de la scène politique. Il parut convenable de se borner a quelques victimes choisies. Le premier a éloigner, c’était Caton, Elcignament qui ayant opiné carrément pour l’annulation des lois et juliennes, étai_t homme àagir comme il avait zparlé. On ` n’en eût pu dire autant de Marcus Cicéron, qui ne mé- ritait pas d’étre craint. Néanmoins, la faction démocra-»‘ tique, qui jouait dans la coalition .le premier et principal rôle, ne pouvait pas, au lendemain de sa victoire, amnistier le meurtre judiciaire du 5 décembre 69l , objet, sa av, nc. de son juste blame, hautement exprimé. A vouloir réel- lement compter avec les auteurs de la fatale sentence, il n’eût point fallu, certes, s’en prendre au pusillanime . consul, mais à cette fraction aristocratique rigide, qui lui avait mis le glaive dans la main à son grand tourment. Toutefois et selon le droit exact, les donneurs d’avis n’étaient point responsables: le consul seul.devait payer A pour tous. La moderation conseillait ' d’ailleurs, de laisser _ le Sénat hors de jeu, pour ne s’attaquer `qu’a lui. Aussi la motion dirigée contre Cicéron tenait pour faux et supposé le sénatus—consulte enlvertu duquel les Catili- nariens avaient été exécutés. Les triumvirs auraient voulu éviter toute rigueur faisant esclandre : mais Cicéron ne put prendre sur lui de leur donner les gages qu’ils _ souhaitaient, ou de s’éloigner de Rome, sous un prétexte spécieux offert, ou méme seulement de se taire. Il avait à· _ cœur de ne point heurter : il avouait naïvement ses transes, mais sans savoir se contenir et user de prudence, A ouvrant la bouche dès qu’un bon mot, une saillie malicieuse lui venaient chatouiller les levres : son cœur se