Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/56

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ai LIVRE IV, CHAPITRE XII les représentations et les images de la foi populaire; ou enfin dût·elle, selon les stoiques, les garder en partie en les motivant, et en partie les transformer. _ Des premiers contacts de la philosophie hellénique avec la nationalité romaine, croyante et anti-spéculative, rien ne pouvait sortir qu’une hostilité réciproque. La religion , à Rome, avait pleinement le droit de s’insurger contre les xsystèmes qui mettaient à néant sa propre essence. La Bé- publique, se sentant par instinct attaquée dans sa religion, se comporta envers la philosophie comme fait la forteresse envers les éclaireurs de l’armée de siege qui s'avance. Dès iér sv. 1.·c, l’an 593 elle chassa de Rome et les rhéteurs et les philoso- ' . phes. En effet, le premier début éclatant de la philosophie n’avait pas été autre chose qu’une déclaration de guerre en règle contre la foi et les mœurs. L’occupation d’Oropos ¤ par les Athéniens en avait été l’occasion. Voulant se justi- fier, ils envoyerent au sénat pour avocats trois illustres professeurs de philosophie, parmi lesquels Carnéades, ' isa, _ le maitre de la moderne sophistique 2 (599). Le choix était excellent, alors que l’acte commis par Athènes déliait toute excuse selon le bun sens et l’équité commune. Carnéades, pleinement d’accord avec sa mission, prouva par le pour et le contre qu’il existe tout autant et d’aussi graves motifs en faveur de l`injustice qu’en faveur du juste : il fît voir, en bonne et logique forme , qu’on pouvait avec autant de ` raison demander aux Romains de retourner a leurs vieilles _ et étroites huttes de paille sur le Palatin ,'qu’exiger des Atliénlens la restitution d'0ropos. La jeunesse romaine, familière avec la langue grecque, accourut en foule pour entendre le discoureur célèbre, alléchée par le scandale de ses doctrines, et par son emphatique et entrainante parole. ‘ Elle n’atla pas toutefois jusqu’à donner tort a Caton, quand celui-ci comparant, sans plus de courtoisie , les longues ‘ [Sur la frontière de l:Attique et de la Béotiej 4 ' ' [Les deux autres étaient Diogène le Babylomen ou le stoîczen, et Critolaüs le péripatétieien.]