Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/58

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. 54 LIVRE IV, CHAPITRE XII daction enfantine et sénile des fables légendaires que l’on · _ porta au compte de l’histoire, la religion tout au moins était restée hors de ses atteintes : il allégorisait, il n’ani- mait pas la fable: il ne lui fut jamais donné d’écrire, comme l’avaient fait les Grecs, les biographies du premier, , du second, du·troisième Jupiter! — La sophistique nou- velle à son tour, ne pouvait réussir que là ou elle trouvait · à son service, comme dans Athènes, la vivacité rapide de la pensée et de la parole, et les immenses décom- bres des incendies de la pensée amoncelésles uns sur les autres par les longs bataillons des systèmes philosophiques successivement venus et disparus. Enûn contre le quiétisme d’Épicure, se soulevait quiconque dans cette cité _de Rome dont l’action était l'àme, se sentait agissant et courageux. Pourtant il eut son public, plus tôt et mieux que l’évhé- , mérisme ou la sophistique : peut-étre est-ce aussi pour cela que la police romaine lui fit plus longue et plus ' vive guerre. Mais l'épicuréisme à Rome n’était rien moins qu’un systeme de philosophie. Il n’y faut voir qu’une sorte de masque ou de manteau, sous lequel- bien à l’encontre de la pensée du fondateur, le plus moral ' des hommes, comme on sait- se déguisait dans les cercles de la bonne compagnie l'am`our brutal de la jouissance sensuelle. L’un des premiers adeptes dela secte épicurienne, a Rome, fut ce même Titus Albucius, que Lucilius dans ses vers nous dépeint aussi comme l’un des prototypes du triste hellénisme de Rome •. Le Portique Il n’en arriva pas de même dela philosophie du Portique, _ à R°'“°' et de son influence en Italie. Choisissant une toute autre a route, elle se tint à côté dela religion locale, yaccommodant sa doctrine autant que le peut faire la science à coté de la · ‘ · ‘ [V. les vers cités par Cicéron, de finib. l, 3. - Albucius fut pré- ` 649 a,,_ j__C_ teur en Sardaigne en l`an 105. Condamné deux ans après pour con- cussion, il se retira à Athènes, où il s'adonna à la philosophie. Il avait laissé quelques discours (Brut. 35) et quelques satires (Varr. de re rust. 3, 2, 17). — Sur l'évhémérisme, IV, p. 165.]