Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 6.djvu/82

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si l’art a gagné du coté de l’honneur et de l’intérét qu’il inspire, l’élan n’est plus le méme ni dans la vie, ni dans la littérature, L’audace et la sùreté de somnambule, qui fait que le poète est le poète, qui donne à Plaute entre autres sa verdeur et son allure, jamais plus vous ne la rencontrerez : les Epigones des lutteurs du temps d’Hannibal sont devenus gens corrects, mais éteints.

Examinons d’abord sur le théatre la littérature dramatique des Romains. Dans la tragédie, nous voyons_pour la première fois les hommes spéciaux se produire : les tragiques, à l’inverse de ce qui fut jadis, ne cultivent plus en même temps les poésies comique et épique. Que si dans les cercles lettrés où l’on écrit et l’on réeite, le genre est manifestement tenu en plus grande estime , il y aurait erreur à croire que la poésie tragique soit en réel progrès. Dans la tragédie nationale (prœtexla), créée jadis par Nœvius, nous ne pourrions guère nommer que l’enfant attardé de l’époque Ennienne, ce Pacuvius, dont nous allons de suite et plus amplement parler. D’ailleurs, il y eut encore, ce semble, bon nombre de poètes-arrangeurs de tragédies grecques. Parmi eux, deux seulement se firent un nom considérable.

Marcus Pacuvius, de Brundusium (535 — jr vers 625), avait consacré sa jeunesse à la peinture: ce ne fut que devenu vieux qu’il demanda à la tragédie les moyens de vivre. Par son âge, et par la nature de ses œuvres, il appartient au VI° plutot qu’au vue siècle, encore bien que sa veine poétique n’ait rien produit qu’au cours de ce dernier. Il suivit en tout la manière d’Ennius, son compatriote, son oncle et son maître. Limant davantage son vers, ayant la visée plus haute que son prédécesseur, il fut, au jugement des critiques tout favorables ’qui vinrent plus tard, un modèle de poésie savante en de beau style : d’ailleurs les quelques fragments qui nous en restent justifient et les reproches que` Cicéron lui adresse, quant à la langue, et ceux de Lucilius, sous le rapport du gout. Sa langue