Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/140

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i‘28 LIVRE V, CHAPITRE Xi tavernes et les lupanars, que les démagogues trouvaient tout avantage à mettre d’abord taverniers et souteneurs dans leurs intérêts: tel était le succès des combats_ de gladiateurs, symptome et aliment de la démoralisation la plus effrénée qui eût existé jamais dans l’ancien monde, que l’on gagnait gros à en vendre les programmes. En ces temps aussi se place une innovation abominable. Ce n’est plus la loi du duel ou la libre volonté du vainqueur qui dispose de la vie ou de la mort du vaincu 2 désormais, le caprice des spectateurs en décide. Sur un signe,_le vain- queur epargne ou tue le malheureux gisant à terre. Le métier de gladiateur est en hausse, quand la liberté est en baisse. Pendant que sur les champs de batailles, l’intrépi- dite, l’émulation font défaut, on les retrouve parmi les armées de l`arène, où la loi professionnelle commande au gladiateur de recevoir le coup mortel sans un cri, sans un tressaillement; et l’on voit jusqu’à des hommes libres se ' · vendre aux entrepreneurs comme esclaves de combat, moyennantsolde et entretien l. Les plébéiens du v° siècle, ' eux aussi avaient pâti et ressenti la faim: du moins ils n’avaient point fait de leur liberté métier et marchandise; encore moins les juristes d’alors auraient-ils, a l’aide des 'faux-fuyants d’une honteuse pratique, déclaré licite et engendrant action en justice le contrat immoral et illégal · par lequel le nouveau gladiateur s’engageait « à se laisser » enchainer, fouetter, brûler ou tuer, si la regle le veut.? »

  • [Die, 43, 24. -—-i V. aussi Diet. de Smith, Il. anliquities,

~v¤ Gladiat07·es,— et Beat-Encycloped. de Pnuly, eod. v°. An temps de César, des chevaliers, et jusqn’à un tils de préteur, descentiirent dans l’arene. — Un sénateur, Fulvius Setinus, osa méme un jour demander à se donner en spectacle. César rel`usa.| _ * [Les hommes libres qui s’engageaient comme gladiateurs étaient désignés sous le nom d’auct0ruti (llor. Sat. 2, 7, 58), et leur enga- gement s’appelait l’auct07·a7ne·ntum. G’est Pétrone (Satyric. H7) qui nous a conservé la formule de leur serment z « In. verba Eumolpl « juravhmzs, mi, vmciri, verbcrari fefroque necari et quidquid « aliud Eumotuns jussissel, lcmquam legilimi gladiatores domino « c07·p07·a animosque retigiosissime nddicimns. »]