Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/231

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quiconque était Grec, s’y voyait le bienvenu ; et l’on y rencontrait souvent le maître se promenant sous les splendides portiques, en échange de conversation et d’idées philologiques ou philosophiques avec ses savants hôtes. Hélas ! les Grecs n’apportaient point seulement en Italie les merveilles civilisatrices, ils y arrivaient avec leurs vices, avec leur souplesse servile ! Un jour l’un de ces savants vagabonds, Aristodème de Nysa, (700) l’auteur d’une rhétorique « de la flatterie » se recommandait à la faveur de son maître, en démontrant cette proposition, qu’« Homère était né Romain ! » 1.

Du reste l’amour des lettres et l’activité littéraire à Rome vont progressant avec l'affluence et le mouvement des savants venus de la Grèce. La manie d’écrire en grec ressuscite, cette manie que le goût plus sévère du siècle des Scipions avait pour un temps détruite. La langue grecque redevient la langue universelle :les écrits grecs ont un public autrement vaste que le livre rédigé en latin, et comme on avait vu naguère les rois d’Arménie et de Mauritanie s’adonner à des compositions en prose et même en vers dans la langue de l‘Hellade, de même font à leur tour les illustres Romains, Lucius Lucullus, Marcus Cicéron, Titus Atticus, Quintus Scœvola (tribun du peuple en 700), et d’autres que je ne nomme pas 2. Pour les vrais Romains d’ailleurs tout ce travail de plume n’était que passe temps et que jeu à leur heure : au fond, les partis politiques et littérai-

• [Aristodème de Nysa, qui donna des leçons à Pompée, et fut l’instituteur de ses fils. On n’a rien de lui.]

2 [Lucullus était l’auteur d’une histoire grecque de la guerre marsique (ad Att. I, l9. - Plut. Lucull. 1]. Atticus, le correspondant de Cicéron, avait écrit en grec une histoire du Consulat de‘ ce dernier, et Cicéron lui-meme en avait fait autant. Ces deux Commentaires vrspt ri; ûvcarstaç, sont perdus (ad Atl. i. I, 2).

Q. Scœvola, fils de l’Augure, faisait partie de la cohorte des amis de Cicéron, et l'accompagna en Asie-Mineure. — Il est plusieurs fois cite dans la correspondance familière.]