Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/253

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· . LITTÉRATURE _ ` 241 j · Ainsi le poete veut jeter à' bas les Dieux, comme Brutus avait faibles rois. Il veut « briser 1'étroite prison qui se ferme sur la nature; » mais ce n’est point contrele trône depuis longtemps renversé de Jupiter qu’illance la flamme de ses vers E de même qu’Ennius,_ il sTattaque en réalité à ces Dieux venus de l’étranger, à la 'superstition des foules, et par exemple, au culte de la Magna Maier 1, aux auspices niais de·1’Etrurie qui lisent dans l'éclair et le ' tonnerre! Lucrèce n'a qu’horreur et dégoût pour ce monde effroyable dans lequel il vit, pour lequel il écrit :~ là est son inspiration. Il composa son poème en ces temps de désespoir, où »l’oligarchie était précipitée du pouvoir, ou César n’avait point encore conquis le trone, en ces heures lentesïet grosses d’orages, où l'attente de la guerre civile obsédait les esprits. Certaines inégalités, certains troublesrdans l’exécution, trahissent sans doute ales anxiétés d’un' homme qui croit à toute. minute voir fondre I sur lui-même et·sur son œuvre les tumultes et les écrou- _ lements d’une revolution : qu’on n’oublie pas pourtant, à le voir envisager ainsi et les hommes et les choses, quelles choses et quels hommes il avai_t devant lui—l, Dans la Grèce, avant le siècle d'Alexandre, c’était ·une maxime partout ' reçue, sincèrement confessée par les meilleurs, qu’il y a bonheur suprême à n'être pointné, et qu’aprèsce|ui-là, le mieux est de mourir. De même, au siècle en tant-de ' points semblable de César,·les notions morales sur la` nature du monde conduisaient facilementles âmes tendres et.poétiques à cette opinion, relativement plus noble et plus anoblissante peut-être, qu’il y· a bienfait pour l’homme` à être débarrassé de la foi en l’immortalite de l’âme,`et en même temps de la crainte dela mort et des ` Dieux, crainte mauvaise, sournoisement envahissante, pa- _ reille à la peur dontl’enfant est saisi dans un lieu obscur; ` que comme le, sommeil de la nuit est plus réparateur que ‘ [Dc nat. rer. 2. 598 et s.] . · , · Vlll -· 46