Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/254

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 242 I LIVRE V, CHAPITRE XII . la fatigue du jour, la mort, elle aussi, ce repos éternel . exempt d'espoir et de sollicitude, vaut bien mieux que la ` vie. Les Dieux du poète eux-mêmes ne sont rien, et ne jouis- sent que de l’éternel et bienheureux repos. Point de peines de l’enfer qui chatient l’homme au-dela dc la vie: les peines sont faites pour les vivants; elles sont filles de ces pas- sions qui font battre notre cœur sans relâche et sans frein. · Donc la fin de l’homme est d’étab|ir son âme en équi- libre et dans le calme, de ne point estimer la pourpre plus qu’un chaud et commun vetement, de rester dans la · foule des obéissants, plutôt que de se jeter dans la mêlée des candidats au pouvoir; de rester étendu près du ruisseau, plutôt que d’aller sous les lambris dorés du riche, s'asseoir en convive a des tables chargées de mets sans nombre. _ Dans ces doctrines de philosophie pratique, nous retrou- vons l’idée, canevas exact du poème de Lucrèce : par- I fois cachée sous les décombres de ses démonstrations physiques, elle n'en est point étouifée. Elle est, le fonde- ment de tout ce qu’il contient de sagesse et de vérité. Et quant a Lucrèce lui-même, qui, tout rempli de vénération pour ses grands devanciers, apporta .a la prédication de sa doctrine un zèle inoui dans son siècle, et fortifia ses leçons du charme de la muse, on peut dire de lui qu’il fut tout à la fois un bon citoyen et `un grand poète. Quel- que juste blâme que suscite le poème de la Nature, il le faut ranger parmi les plus brillantes étoiles dans le ciel pauvrcmcnt constellé, d’ailleurs, de lalittérature romaine : aussi le plus grand des maitres dela langue allemande le · r choisit-il un jour pour son dernier et parfait travail: il se donna mission de rendre des lecteurs à Lucrèce 1. V

  • [Nous n’ajouterons rien aux pages brillantes qui précèdent:

·Rappelons seulement que Lucrèce, ne à Rome vers 659, se serait 5; av, J_.c_ suicidé, à 43 ans, en 703, le jour meme ou Virgile prenait la robe , prétexte. Saint Jerô1ne(in E1LS6l).Ch«7`O7lïC. ann. 1918) prétend qu’il etait devenu fou, ayant pris un philtre d’amonr; que dans les intervalles lucides, il aurait écrit plusieurs des livreskle son poème;