Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/261

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Cisalpin. L’art Alexandrin est son guide, on ne le peut nier, mais son inspiration n’en est ni moins libre ni moins personnelle. Il reste le citoyen de sa ville de province ’: il oppose volontiers Vérone à Rome, le loyal et franc habitant du municipe au noble sénateur de la capitale, d’ordinaire si plein de dédain pour ses amis d’un moindre monde. La Gaule Cisalpine, patrie de Catulle, était`florissante encore, elle avait la verdeur ‘et la sève. Quoi d’étonnant que _le poète y ait, mieux qu’ailleurs, et senti et chante? Les doux paysages du lac de Garde ’se reflètent · dans ses plus jolies poésies î, et je ne sache pas en ces temps quel citadin de Rome eût su écrire l’élégie sur la mort d’un frère,.d’un accent si profond 2, ou 1’épithalame si franc de couleur, si honnêtement bourgeois des noces de Manlius et d’Aummcùlém 3. Quoique marchant derrière les Alexandrins, en adepte du genre à la mode et en familier de la coterie littéraire, Catulle était autre chose qu’un bon écolier parmi tant d’écoliers médiocres ou `mauvais: il dépassa bientôt ses maîtres, autant que le citoyen d’une ville libre italienne dépassait le dilettante grec cosmopolite. Ne lui demandez pas pourtant les facultés créatrices éminentes, ou les hautes visées 2 il n’est rien qu’un poète gracieux et richement doué, il nlest pas un grand poete;. et son œuvre, comme il le dit luiemême, ne contient`que · « bagatelles et enfantillagesw 4. ‘Que si pourtant ses contemporains d’abord se sentirent électrisés par ses petites pièces fugitives; que si plus tard les critiques de l’àge d’Augusle le placèrent à coté de Lucrèce, comme le - îplus considérable des lyriques du siècle, postérité et contemporains, tous ils eurent raison, jugeant ainsil Rome après Catulle n’a` point produit de poète chez qui l’on trouve aussi complètement associés la forme et le fond

1 [32, Ad Strmionem pcitinsulam, cf. 36.] u

2 [69, Ad Manlium, cf. 100, in/`criœ ad fl`(lÉ}‘ÃSÉ1L7)l?ILl1L7}t.]

° [62, Tulliœ et lllanlii cpilhalqmium.] _

  • [Nugaf, ,l : et ailleurs, inepti£ts.]‘ ’ A