Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/289

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` LITTERATURE A 277 _ sédé de la`rage d'écrire, peu lui importait le terrain,` ' pourvu qu’il le labouràt. Nature de journaliste dans le pire sens du mot: trop riche en paroles, c’est lui qui t’avoue, pauvre en pensée au-dela de ce qu’on peut dire, il n’était ' A point de genre littéraire, ou, s’aidant de quelques livres, traduisant, compilant, il n’improvisât une œuvre de com- · mode lecture. Son portrait fidèle se retrouve dans sa correspondance. D’habitude on la loue, comme intéres- _ sante, comme pleine de verve 1 je l’accorde, en tant qu’elle est le journal de la ville et de la campagne, et le miroir du grand monde. Mais preneZ l’auteur laissé à lui-même; prenez-le en exil, en Cilicie, après la bataille de Pharsale, il devient aussitôt terne et vide, pareil à un feuilletoniste égaré loin de son milieu. Qu’un tel politique, qu’un tel lettré ne put être, qu’un homme superficiel et de cœur ·· faible, avec sa mince couche d’élégant vernis, j’estime inutile d’en fournir la preuve. Nous occuperons—nous de l'orateur? Tout grand ecrivain est de fait un grand homme: c’est chez le` grand orateur surtout que les con- victions et la passion débordent a flots clairs et sonores des profondeurs de la poitrine. Autrement en est-il dela foule des indigents parleurs, qui ne font que nombre et ne sont point. Or, de conviction, de passion, Cicéron n’en a pas.; ' il n’est qu’un avocat, et pour moi, un médiocre avocat. Il _ les prodiges avant-coureurs des crimes des Catilinariens. Enfin, un _ autre poeme en troischants, sur son temps (de mais temporibus), ‘ antérieur à 500, célêbrait son exil, ses souffrances et`son retour. 51, ,,,_ _y__C_ Cicéron faisait bien les vers, et les cultiva toute sa vie à titre de passe-temps. Mais là encore, il laisse percer ses vanités et ses_ faiblesses. Témoin Phexamètre dont J uvénal (10, l2?), s’est moque: O lorizmatam notam me consule Romam! ' , Des Dialogues philosophiques, nous ne dirons rien. On ne peut nier qu’ils n’aient un grand charme de style: quant aux œuvres historiques ou mélangées, elles étaient nombreuses : citons des mémoires sur·· sa conduite politique (de mais consiliis), sur son consulat : un panégyrique de César, un autre de Caton (dont_ il a été dejà parlé), un travail sur les Economiques de Xénophon, une Ghorographie, etc.j_