Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/38

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Sicile et d’échanger les délices des cantonnements de l’Italie du sud contre les fatigues et les épreuves d’une troisieme campagne, épreuves qui devaient ne le céder en rien à celles des guerres d’Espagne et de Thessalie, le soldat rompit la bride trop longtemps làchée, puis serrée soudain. Il refusa d’obéir, exigeant d’abord la remise des cadeaux promis. Les lieutenants envoyés par César furent reçus avec des injures et même a coups de pierre 1. On leur promit accroissement de largesses, mais rien ne put arréter la révolte. Les légionnaires, soulevés en masse, marchèrent sur Rome, ou ils voulaient exiger de César en personne le payement des sommes promises. Quelques officiers se mirent en travers de la route et voulurent lutter contre l’émeute : ils furent massacrés 2. Le péril était grand. César plaça aux portes de la ville les soldats peu nombreux qu’il avait sous la main (avant tout il fallait parer aux menaces de pillage) puis, se montrant à l’improviste devant les bandes furieuses, il leur demanda ce qu’elles voulaient. « Notre congé ! » s’écrièrent-elles. Le congé est donné sur l'heure. « Pour ce qui est du donativum que je _vous devais au jour de mon triomphe, » ajouta le général, « et des assignations de terres que je vous ai promises, vous les viendrez demander quand je triompherai dans Rome avec le reste de mes soldats ; mais, comme de juste, vous ne ferez point partie du cortége , vous que je congédie ! » Les mutins ne s’attendaient point au tour que prenaient les choses. Convaincus qu’ils étaient nécessaires à César


1 (Legio XII ad quam primum Sulta venit, lapidibus agisse hominem dicitur. Cic. ad Alt. li, 21.]

2 [La révolte avait commencé pendant que César était en Orient encore. _ César avait envoyé à Antoine, son lieutenant à Rome, ordre de réduire les mutins par la menace ou les promesses, mais les efforts d’Antoine et de ses officiers avaient été vains : ils avaient chassé —Salluste (l’historien), et tué deux prétoriens sénateurs, Cosconius et Galba (Dio. i3,_5‘2. — App. b. civ. 2, 92). Enfin César rentra dans Rome (septembre 707), et mit un terme à la sédition.]