Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 8.djvu/72

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mesure de la peine était purement arbitraire ‘. Nous raconterons plus amplement ailleurs et en nous plaçant à un autre point de vue, le mouvement et les fureurs des vieux partis contre le gouvernement : qu’il nous suffise de dire ici que sur toute la surface de l’empire surgissaient à chaque heure les prétendants et les insurrections républicaines; que les feux de la guerre civile, attisés ` tantôt par les Pompéiens et tantôt par les républicains, se rallumaient en maints lieux; que, dans Rome, on conspirait en permanence contre la vie du dominateur. César, dédaignant les complots, ne voulut jamais s’entourer d’une garde attachée à sa personne; il se contenta le plus souvent de les dénoncer par avis public,. lorsqu'il les, avait découverts. Mais, si téméraire ou_indifférent qu’il se montrât dans les choses intéressant sa sûreté personnelle, il ne pouvait se dissimuler les dangers très-grands 'que l’armée des mécontents faisait courir, non pas seulement à sa propre vie, mais aussi à son œuvre de reconstruction sociale. Que si, faisant la sourde oreille devant les avis et les incitations de ses amis, et n’ayant aucune illusion d’ailleurs sur la haine irréconciliable de ceux qu’il avait graciés, il persistait, avec l’énergie d’un étonnant sang-froid, à pardonner et pardonner toujours à des adversaires croissant en nombre, ce n’était chez lui ni chevaleresque magnanimité d’une nature trop fière, ni débonnaireté d’une nature faible. Le politique avait sagement calculé que les partis vaincus s’absorbent plus vite dans l’Etat et à. dommage moindre pour sa personne, que s’il eut

  • Lisez la lettre ai Caectnalad fam. 6, 7); et vous pourrez, si I

vous y avez curiosité, établir la comparaison entre les lisièrcs mises a l’ècrivain, dans l'antiquité, et celles subies parles hommes de ` lettres modernes. [Aulas Caecina, dont il est ici question, 1’un des familiers de Cicéron, qui' avait plaidé pour son père, avait suivi le parti de Pompée, et publia un factum contre César (Suet., 75). ll, en fut puni par lTexil(ad fam., G, 7).- Plus tard il adressa au vainqueur un Liber quc1·elm·um (ad [am. 6, 6) et fut gracié (707). - Séneq. (qu. nat. 2, 39) cite de lui un traité: De Elrusc. discipling.]