Page:Monod - Portraits et Souvenirs, 1897.djvu/33

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jette dans les rangs du parti républicain, où il restera jusqu’à sa mort. Il lui appartenait d’ailleurs depuis longtemps par ses tendances révolutionnaires et démocratiques. Dès la Restauration, ses drames sont pénétrés d’un souffle révolutionnaire. Dans Hernani, dans Marion Delorme, dans Ruy Blas, le beau rôle est aux révoltés, aux conspirateurs, aux valets, aux fous de cour ; le poète par leur bouche fait entendre la revendication des droits populaires, et flagelle les crimes de la royauté et de ses ministres. Le romantisme de Victor Hugo n’était pas seulement une théorie littéraire, une esthétique nouvelle ; c’était une œuvre de pitié, de charité envers les petits, les pauvres, les opprimés, les contrefaits, les méchants même, à qui il ouvrait les portes de la cité politique en même temps que de la cité littéraire. Dès ses premiers écrits, Victor Hugo a au cœur cette Pitié suprême qu’il a chantée à la veille de sa mort ; de tout temps, il a été l’adversaire de la peine de mort, l’apôtre de la clémence, et implicitement le partisan du suffrage universel, par amour pour les foules. C’est le même sentiment qui a fait de lui le chantre de Napoléon, incarnation d’un peuple, et l’avocat attitré, le défenseur des communards vaincus. Toujours prêt à prendre le parti des opprimés et des révoltés, à soutenir la cause des nations contre leurs maîtres, il est, dès le premier jour, au rang des apôtres de l’indépendance hellénique, de l’indépendance polonaise, de l’indépendance italienne.