Page:Monod - Portraits et Souvenirs, 1897.djvu/41

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tique et en religion. Si un poète comme Musset appartient à la lignée des classiques, des hommes tels que Lamartine d’un côté, Baudelaire de l’autre, sont des phénomènes tout nouveaux, et Victor Hugo, avec ses emphases, ses gaîtés cyclopéennes, ses affectations, son amour maladif de la popularité, sa religiosité vague, son socialisme attendri, son humanitarisme crédule, son syncrétisme politique, ses grandes visions historiques, son âme mobile, aimante, ardente et vibrante, me paraît un produit naturel et un représentant authentique de la France démocratique, un peu entachée de rudesse et de vulgarité, inquiète, mal équilibrée, théâtrale et déclamatoire, mais toujours puissante, féconde et généreuse, prompte à l’enthousiasme, avide de progrès, croyante en sa mission civilisatrice, que nous a léguée la Révolution.