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SA VIE, SON ŒUVRE


wagon de lettres, steamer à haute pression, steamboat… etc.

Le dentiste B*** tombe chez moi. Ce raffermisseur de gencives veut me faire corriger un opuscule sur la dentition : je deviens mâchoire littéraire, osanore de lettres, toul ce qu’on voudra. Tue, tue ! tue ! N’y a-t-il pas un bottier, un tanneur, par là, que je lui fasse du style ? Prix de fabrique ! On exécute les commandes dans les vingt-quatre heures.


Dimanche. — Je fais un « Saint » pour Houzé. Je suis dévoré de l’euvie de lui faire Saint-Évremond et Sainte-Beuve.


Lundi. — Aujourd’hui 30, fin novembre 1846, je me dirige vers le local d’Arsène Houssaye. Vue du dit, de sa femme et de Marc Fournier. Je cause avec ce dernier. C’est un jeune homme, brun, noir, maigre, d’air pédant, pointu, anguleux, genre Lurine, et qui me plaît peu ou prou. Mais baste !

Le Houssaye me renvoie à mercredi. Ah çà ! mais je m’insurge à la fin. Note que, par-dessus le marché, il m’invite à venir un de ces quatre matins, entendre la lecture d’une comédie en cinq actes et en vers ! C’est avoir de l’aplomb !

De plus, le même Arsène me donne à entendre que, n’ayant pas le temps de faire un travail sur la Duchesse du Berry, fille du régent, qui lui est demandé, je pourrais quelque peu moissonner des pièces de cinq francs à m’en charger pour lui ! « Du reste, me dit-il, nous en recauserons. »

Oui, oui, on connaît ta manière de solder tes rédacteurs,

galopin du

s|xviii

 !

Hélas ! tous les genres de malheur viennent fondre sur mon chef, caput en latin. Chez moi, je trouve B*** avec un manuscrit sur la Prothèse dentaire. Je l’écoute ! Il veut que je lui revoie ceci. Et il ne parle point de payement : seulement il me dit d’ouvrir la bouche, et il trouve mes dents dégoûtantes de malpropreté.