Monselet[1], Anténor m’avait demandé eu toute hâte un récit de
l’insurrection. Je pris immédiatement un cabriolet. Je fis le
tour des barrières, je comptai les barricades, et je passai la
nuit à écrire mon résumé, qui parut trois jours après, avec
un plan gravé sur bois. On n’en trouverait pas aujourd’hui
un seul exemplaire. Anténor me renvoya pour le payement à
M. Bohain, qui me renvoya à un marchand de vin du coin de
la rue de Trévise, lequel me paya très gracieusement…
» Je retrouvai Anténor Joly quelque temps après, à l’Événement où j’avais été appelé… »
Il faut enregistrer ce court passage de Charles Monselet au premier Événement de 1848, où il publie plusieurs chapitres intéressants.
« … L’Événement venait d’être fondé sous le patronage de Victor Hugo. C’était un recueil vaillant et hardi où avaient été conviés tous les écrivains qui avaient un nom, ou même simplement un espoir.
« Léon Gozlan, Méry, Théophile Gautier coudoyaient Henry Mùrger, Champfleury, Théodore de Banville. Il se faisait là un joyeux tapage, un cordial échange d’idées, d’aspirations, de jugements, de traits spirituels. Anténor Joly et Polydore Millaud allaient et venaient dans la maison, toujours affairés ou faisant semblant de l’être ; l’un criant comme un sourd qu’il était, l’autre frappant le parquet de sa canne, tous deux ouvrant et fermant les portes avec bruit… » (Petits mémoires littéraires, Paris, 1885.)
Il fut un temps, a écrit ailleurs Charles Monselet[2], où l’on était célèbre du jour au lendemain pour un article de journal ou de revue. Que ce temps est loin de nous ! Il est vrai qu’il y avait alors moins de journaux, moins de revues et moins d’écrivains. À cette époque bienheureuse, une scène populaire suffisait à tirer hors de page Henri Monnier ; une