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SA VIE, SON ŒUVRE

— après avoir, il est bou de l’ajouter, fait seulement quelques visites. Notre candidat n’obtint qu’une voix, voix qu’on attribua à son illustre ami Victor Hugo, mais qui revient, en toute responsabilité, à M. Xavier Marinier, à ce charmant vieillard, à cet esprit si distingué.

À la mort de mon père, M. Alfred Barbou a tenu à fixer ce détail et écrivit dans le Journal illustré du 29 juillet 1888, les lignes suivantes :

« Pauvre et cher Monselet !

» Il eut une fois en sa vie le désir d’entrer à l’Académie française et, avant que sa mémoire soit oubliée du public, je veux rétablir sur ce petit fait littéraire la vérité que je connais seul.

» C’était il y a sept ans environ. L’élection devait être fort disputée. Monselet, que je rencontrai, m’entretint de ses chances en souriant comme toujours sous ses lunettes.

» — Voulez-vous que je m’en informe ? lui dis-je.

» — Oui.

» Et je courus chez M. Xavier Marmier, chez qui la bonté, l’affabilité, la bonne grâce égalent le savoir et le talent.

» M. Marmier, qui daigne m’honorer de sa bienveillante amitié, me répondit :

» — Vous savez que je mets au premier rang la valeur littéraire de M. Monselet qui a autant d’esprit que d’érudition. Vous me demandez la vérité, eh bien ! en ce moment, il n’aura pas une voix, pas une seule !

» Et, comme je me récriais :

» — Voulez-vous qu’il en ait une ? poursuivit le charmant conteur ; je lui donnerai la mienne, au premier tour de scrutin.

» — Merci, répoudis-je, et, par un billet, je mis Monselet au courant de la situation.

» À mon billet, il répondit par celui-ci que j’ai gardé :


Ah ! mon cher ami, cette voix fidèle sauverait mon honneur littéraire !

Vous l’avez compris, ce procédé m’a touché profondément.