Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/134

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ivoire, de joujoux suisses, de flacons, de paysages en liège, d’idoles japonaises, de coupes dorées, de Tircis en pâte tendre, de pantoufles de fées, de corbeilles microscopiques et de nudités en plâtre imitées de Pradier. Une jardinière, placée auprès de la cheminé, était remplie des fleurs de la saison.

Lorsque le comte d’Ingrande fut entré, Pandore lui tendit la main.

— Ma chère enfant, dit-il après y avoir posé ses lèvres, j’ai assisté une fois dans ma vie au lever de M. de Talleyrand… C’est vous dire combien j’étais jeune, s’empressa-t-il d’ajouter. Eh bien, ma parole d’honneur, je n’ai pas été plus impressionné en face du célèbre diplomate que je viens de l’être à présent. Franchement, vous étiez superbe.

— Alors, criez brava, et n’en parlons plus.

Elle alla vers la table, y prit une lettre qu’elle relut d’un air songeur, sans s’occuper du comte.

— Ce doit être cela, pensa-t-il.

La lettre relue, Pandore la serra dans un des tiroirs de son secrétaire. Ce secrétaire, justifiant par hasard son nom, était à secret.

— Diable ! se dit le comte, ce sera plus difficile.

Comme les chattes qui, à un moment donné, abdiquent leurs nerfs, Pandore s’étendit avec nonchalance sur un divan ; ses yeux si ardents tout à l’heure se voilèrent à moitié ; ses lèvres s’entrouvrirent pour le sourire. Voyant d’aussi câlines dispositions, le comte s’empara d’une chaise et s’assit auprès d’elle.

— Connaissez-vous M. Philippe Beyle ? lui demanda-t-elle en renversant tout à fait sa jolie tête sur un coussin.

— M. Philippe Beyle ? répéta le comte.

— Oui.

— Pourquoi me faites-vous cette question ?

— Vous êtes bien curieux ! s’écria Pandore. Depuis quand ai-je l’habitude de vous rendre compte de mes motifs ?

— Pardonnez-moi ; c’est que j’étais à mille lieues de votre demande. Je voulais dire : Quel intérêt prenez-vous à M. Philippe Beyle ?

— C’est précisément ce que je veux vous laisser ignorer,