Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/135

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mon cher ami. Tenez, vous n’êtes et ne serez jamais qu’un grand enfant, dit-elle en se soulevant sur son coude, et vous finirez par me guérir entièrement de ma franchise avec vous.

— Oh ! Pandore !

— Comment ! je désire être renseignée sur quelqu’un ; pour cela, je m’adresse bonnement à vous, de but en blanc, comme au premier venu ; et au lieu de me répondre avec autant de simplicité que j’en mets à vous interroger, voilà votre imagination qui prend la galopade ; vous forgez tout de suite un tas de mystères…

— Mais non !

— Fallait-il donc user avec vous de misérables subterfuges ? causer pendant une demi-heure de mes robes, des pièces nouvelles, pour arriver sans secousse à mon interrogatoire ? faire comme la Tisbé dans Angelo : « Vous portez là une bien jolie clef… Oh ! je ne la veux pas cette clef ! » À quelles sortes de femmes avez-vous donc eu affaire, pour que vous ayez toujours besoin d’être joué et trompé ? Il faut que l’on vous donne éternellement la comédie, n’est-ce pas ? Sans cela, vous êtes dépaysé, comme maintenant.

— Ma chère Pandore, vous ne m’avez pas compris.

— Allons, allons, je vous croyais un homme plus fort ; dorénavant, j’agirai avec vous d’après les principes.

— M. Philippe Beyle est un homme de trente ans au moins… commença le comte.

— Laissez-moi tranquille avec votre M. Philippe Beyle ! Je sais à qui m’informer de lui.

— Oh ! dit le comte en avançant les lèvres ; il y a informations et informations.

— Vous voulez me prendre par la curiosité, je le vois, mais vous n’y réussirez pas.

— J’en sais plus long que d’autres sur ce monsieur, continua le comte ; et vous vous êtes méprise sur le sens de mes paroles ; car si j’ai été indiscret au point de répondre à votre question par une autre question, c’était uniquement pour vous prémunir contre le mal que j’avais à dire de lui.

— Du mal ? dit Pandore en tendant le cou.