Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/151

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« La glace était à peu près rompue ; la conversation s’entama dès lors entre nous.

« — Vous allez me faire la cour ? dit-elle avec un petit air d’effroi bien joué.

« — Oui.

« — J’avais raison de me défier de vous. Au moins, je vous en supplie, ne vous exprimez pas comme tout le monde, soyez nouveau, étonnez-moi.

« — Je vous remercie de ces indications.

« — Oh ! reprit Pandore, n’y cherchez pas autre chose que le désir de vous épargner ainsi qu’à moi d’inutiles et banales escarmouches. Je veux bien vous fournir des armes, mais je ne renonce pas à la défense.

« — C’est au mieux, répliquai-je, et l’on voit que vous connaissez le proverbe : Fais ce que dois, advienne que pourra.

« — Il est impertinent, votre proverbe.

« — Il est si vieux !

« — Mais je ne serai pas en reste avec lui ; et, pour commencer, il faut que je vous fasse une question hardie…

« — Tant mieux ! dis-je.

« — Vous savez combien les femmes aiment à tendre la corde de l’indiscrétion ; je vais être avec vous aussi indiscrète que possible.

« — Je vous écoute.

« — Puisque vous venez de manifester à mon égard des dispositions résolument hostiles, puisque vous annoncez nettement votre dessein de me faire la cour, permettez-moi de vous demander…

« — Quoi ?

« — Si vous compter réussir.

« À cette question, hardie en effet, je dressai l’oreille comme un cheval qui entend le canon. Mais presque aussitôt flairant le manège, je le tournai.

« — Cela n’est pas l’important, répondis-je.

« — Comment ? dit-elle, intriguée.

« — L’important est que ma cour soit bien faite.

« — Ah ! j’entends ; au Théâtre-Français on nomme cela tradition.