Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/17

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D’après cette indication, il se précipitait déjà hors de la chambre, lorsqu’un tumulte qui se fit dans le jardin le détourna de son projet. Deux individus, cassant les arbrisseaux et renversant les pots de fleurs, s’enfuyaient à toutes jambes. Il arma précipitamment un pistolet de poche, et ajusta dans leur direction. La balle se perdit probablement dans le jardin, car, une minute après, il les revit tous les deux à cheval sur le mur d’enceinte ; et avant qu’il eût eu le temps d’armer un second pistolet, ils avaient disparu.

— Maladroit ! dit-il en s’apostrophant lui-même.

Se retournant, il aperçut son cocher que le bruit de l’arme avait attiré, et qui demeurait saisi d’épouvante au milieu de la chambre.

— Miséricorde ! que se passe-t-il ici, monsieur ?

— Allume une autre bougie et visite la maison du haut en bas ; moi, je vais secourir cette pauvre femme. Fais vite, et reviens me rendre compte de ce que tu auras vu.

— Oui, monsieur.

Resté seul avec Mme Abadie, le monsieur coupa les cordes qui la retenaient au fauteuil. Il l’interrogea ensuite sur ses blessures, mais elle remua tristement la tête. Elle pouvait à peine parler ; elle portait la main à sa gorge. Après de longs efforts, elle parvint à demander à boire.

Pendant qu’elle buvait avidement, il l’examinait. Elle avait dû être jadis très belle, et ses traits gardaient encore un grand caractère.

— Merci, monsieur, dit-elle en lui remettant le verre et en le regardant à son tour avec attention.

— Vous sentez-vous mieux ?

— Oui… mais tout est fini, répondit-elle avec un sourire de certitude.

Et, écartant sa camisole, elle montra sa poitrine entaillée à trois ou quatre places. Le monsieur recula.

— Il faut vite envoyer chercher un médecin, dit-il, et je vais…