Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/182

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cacher une activité foudroyante sous une paresse de bon goût et une légèreté mesurée. À peine était-il entré dans un endroit qu’on l’y croyait depuis une heure.

Tant de tact et de précautions méritaient d’aboutir à un résultat fortuné. Il n’en fut rien cependant. En quelque lieu que Philippe Beyle se présentât, la fortune était partie ou n’était pas encore arrivée. Habile et oseur, comme nous l’avons fait voir, il se tourna vers l’industrie. Il traça des projets, il écrivit des mémoires. Quelques-unes de ses idées étaient bonnes, neuves et remarquablement développées. Philippe alla voir les banquiers et les faiseurs ; mais là encore, son mauvais génie se trouva sur ses pas : partout où il apportait un plan, on lui opposait immédiatement un autre qui était entièrement pareil : mêmes idées, mêmes moyens d’exécution et souvent même style.

Après trois ou quatre échecs de cette nature, Philippe, qui s’était demandé si le destin ne jouait pas pour lui seul une détestable féerie, se rappela vaguement que, plusieurs fois, au temps de l’élaboration de ses mémoires, il avait été frappé par des intervertissements de feuillets et d’imperceptibles maculatures. Une fois entre autres, dans le pli d’un cahier, il avait trouvé un cheveu blond, long et fin, un cheveu qui ne pouvait appartenir qu’à une femme. Cela l’étonna profondément.

Philippe se demanda quel intérêt on pouvait avoir à lui barrer le passage. Il se chercha des ennemis et n’en découvrit point. Il mit alors ses inquiétudes et ses appréhensions sur le compte de la méfiance si naturelle aux gens malheureux ; mais, en dépit de ses raisonnements, il ne put parvenir à chasser complètement le soupçon d’une conjuration formée contre lui.

L’accompagnerons-nous jusqu’au bout dans cette ruine quotidienne et de plus en plus visible ? Descendrons-nous un à un avec lui les degrés de cette échelle meurtrissante qui, à Paris