Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/200

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âge, on n’aime pas à rougir devant autrui ; c’est bien assez de mon miroir quand je suis seul. Un ami, jeune parce qu’il sera plus indulgent, dévoué comme un fils… ou comme un gendre… peut mieux que personne m’aider à me reconnaître dans la situation que je me suis faite.

— Et c’est sur moi que vous avez jeté vos vues, monsieur le comte ? dit Philippe, étourdi par ce qu’il venait d’entendre.

— Oui, mon ami.

— Mais qui me vaut une pareille marque d’estime ? J’en suis étonné autant que j’en suis fier.

— Explique-t-on les sympathies, monsieur Beyle ; et comptiez-vous donc si peu sur l’appui du monde après le coup qui vous a frappé l’année dernière ? Dans ce cas, vous seriez plus sceptique à trente ans que je n’aurais le droit de l’être à soixante. S’il vous fallait absolument un motif à l’amitié que j’ai conçue pour vous, apprenez que des relations assez intimes m’ont uni autrefois à votre oncle maternel, sous la première Restauration. Cela devait me suffire, sinon pour protéger son neveu, du moins pour accourir à lui lors d’un désastre imminent.

— Oh ! monsieur le comte, vous vous êtes mépris sur ma question ! s’écria-t-il.

— Acceptez donc la main qui vous est loyalement et cordialement tendue.

Philippe serra avec effusion la main du comte d’Ingrande.

— Je suis à vos ordres, lui dit-il.

— Sans restriction ?

— Sans restriction.

— Bien. Alors votre premier devoir sera de recevoir ces cent louis qui vous sont indispensables, dit le comte en prenant dans la poche de son gilet un petit rouleau.

— Monsieur… dit Philippe, qui ne put se défendre d’une vive rougeur.

— Votre oncle me prêtait souvent de l’argent, se hâta d’ajouter le comte.

Philippe sourit.

— Vous avez, dit-il, des façons spirituelles et nobles de