Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/201

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rendre service qui touchent plus que le service même. J’accepte, monsieur le comte, et je vous remercie.

— À la bonne heure !

— Mais vous m’avez parlé d’une négociation…

— J’allais y arriver. Vous n’ignorez pas, sans doute, que je suis séparé de biens d’avec la comtesse d’Ingrande ?

Philippe Beyle répondit par une inclinaison de tête.

— À l’époque où cette séparation fut prononcée, il y a quinze ans de cela, la comtesse possédait, tant en valeurs qu’en immeubles (est-ce comme cela qu’on dit ? s’interrompit le comte en riant), une fortune triple de la mienne. Depuis, elle a toujours mené le train le plus modeste, dépensant à peine le tiers de ses revenus. Je n’attendais pas moins de sa sagesse. Aujourd’hui…

— Aujourd’hui ? répéta Philippe.

— Ah ! la mission est épineuse et exige toute votre habileté ! Aujourd’hui, je voudrais savoir, avant de puiser dans des bourses étrangères, si celle de ma femme m’est irrévocablement fermée. Une somme de cent mille écus m’est absolument nécessaire. En conséquence, j’ai établi aussi nettement que possible ma situation sur le papier que voici, et que vous lui présenterez de ma part.

— Moi ?

— Vous, monsieur Beyle.

— À madame la comtesse ?

— À elle seule. Cela vous servira d’introduction et de procuration.

Philippe réfléchissait.

— À quoi pensez-vous ? demanda le comte.

— Je pense aux difficultés sans nombre de cette démarche ; je pense surtout au peu de crédit qui m’attend chez madame la comtesse.

— Vous êtes homme du monde ; n’est-il pas plus convenable de lui envoyer un homme du monde qu’un notaire ou qu’un parent indiscret, intéressé ? C’est précisément sur votre absence de caractère officiel que je fonde une majeure partie de mes espérances.