Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/256

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pour lui. Je vous le déclare, c’est une alliance monstrueuse que celle de cet ange et de ce démon. Je le connais : il avilira tout ce qu’elle a de pur et de charmant dans l’âme, il profanera une à une ses illusions de jeune fille et de jeune épouse. Cet homme ne croit pas à l’amour, il ne croit tout au plus qu’aux femmes qui flattent sa vanité ou servent son ambition. Madame, je rendrai à Amélie service pour service : je la délivrai de cet homme.

— Que dites-vous ? s’écria la marquise hors d’elle-même.

— La vérité.

— C’est impossible ! vous ne ferez pas cela !

— Pourquoi donc ?

— Je m’y opposerai ! j’invoquerai mon pouvoir, mes privilèges !

Marianna dit lentement !

— Il est écrit dans nos statuts que la haine doit s’arrêter devant le mari ou les enfants d’une franc-maçonne. Philippe n’est pas le mari d’une franc-maçonne, et Amélie n’est pas votre enfant.

— Vous avez raison, je le reconnais, dit la marquise abattue.

— Enfin !

— Mais pitié ! pardon !

— Pitié ? pardon ? murmura Marianna comme quelqu’un qui entend pour la première fois une langue étrangère.

— Ah ! je vous supplie !

— Mon dernier mouvement de pitié est enfermé sous le couvercle de la tombe d’Irénée.

Marianna se disposa à sortir.

— Encore un mot ! s’écria la marquise de Pressigny.

— J’ai dit tout ce que j’avais à dire, madame vous êtes avertie.

— C’est donc aussi jusqu’à la tombe que vous voulez poursuivre Philippe Beyle ?

Marianna ne répondit pas, mais un sourire passa sur ses lèvres.

— Adieu, madame la marquise, dit-elle en s’inclinant profondément.

La marquise retomba dans son fauteuil.