Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/369

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qu’on lui a jeté des bouquets, qu’elle a été aux nues, que son directeur lui a fait un procès, que tout Paris n’a parlé que d’elle, que le siège de son appartement a été entrepris par tous les gens qui ne savent que faire de leurs cinquante ou de leur cent mille francs de rente. C’en était assez. Ah ! quelle femme ! vertige, folie, esprit, passion, elle a tout. Son caprice, mobile comme une queue de poisson, la jette dans tous les travers, la pousse vers tous les voyages. Elle a épousé un mari, deux maris. Elle a soulevé une nation. Elle a fait courir à Chantilly et à Epsom ; elle a porté son châle au mont-de-piété ; on l’a vue demander le sergent Poumaroux à la caserne de l’Ave-Maria.

Ne vous y fiez pas, néanmoins, je vous le répète ; ne raillez pas. Pour peu que cette femme vienne à pleurer ou à sourire, vous lui donnerez votre âme. Ce n’est pas qu’elle soit belle, non ; mais elle s’empare de vous comme le soleil, sans même vous regarder ; le moindre de ses mots vous étreint et supprime votre respiration. Qu’a-t-elle dit, cependant ? Elle ne le sait plus.

Pourquoi Georgine IV ? Ah ! bah ! soyons discret. Il faudra un grand homme de talent pour raconter cette femme. Attendons.

Une autre excentrique, c’est cette dame de quarante ans environ, et qu’on paraît éviter, bien qu’elle aille d’un banc à l’autre avec les airs pénétrés d’une solliciteuse. Elle s’appelle Mme Flachat, mais elle est née d’Argensolles, veuve en premières noces de M. Guilpin de Jouesne, et en secondes noces du baron Lenfant, ex-intendant de la liste civile. Un an après la perte du baron, elle s’est mariée en troisième noces à un de ses gens, natif d’Annecy en Savoie, Jean Flachat. De telles hontes sont moins fréquentent à Paris qu’au fond de la province et des campagnes, mais elle s’y produisent cependant, et elles y causent une pénible surprise.