Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/388

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Cinq heures du matin allaient sonner.

Philippe Beyle remit à M. Bécheux une carte de visite au dos de laquelle il avait écrit au crayon : « Bon pour mille louis, que je payerai aujourd’hui, à midi. »

— Mais, mon cher, dit Bécheux, empressé de montrer son savoir-vivre, je n’accepte que votre parole. Reprenez votre carte.

— Je puis mourir d’ici à quelques heures.

— Mes regrets seraient assez vifs pour me faire oublier ma créance.

— Vous êtes un galant homme, c’est connu, répéta Philippe ; mais permettez-moi d’agir en cette occasion selon mes habitudes.

Dès que Philippe et le comte se trouvèrent seuls sur le boulevard, Philippe dit :

— Il me manque à peu près, en ce moment, quatre cents louis pour m’acquitter envers M. Bécheux.

Bagatelle ! répondit le comte d’Ingrande. Attendez-moi chez vous, mon cher.

Ils se séparèrent. Le comte se dirigea vers le faubourg Montmartre, tandis que Philippe Beyle, mécontent de sa nuit et de lui-même, se hâta de regagner son hôtel. Son étonnement fut grand, lorsqu’en traversant son antichambre, il vit son domestique profondément endormi dans un fauteuil. Auprès de lui, un flambeau jetait ses dernières lueurs qui ne pouvaient déjà plus lutter avec l’aurore.

— Ce pauvre garçon m’aura attendu, pensa-t-il.

Il appela.

— Jean !

— Monsieur ! dit celui-ci éveillé en sursaut.

— Vous ne vous êtes donc pas couché ?

— Que monsieur daigne me pardonner, dit le valet en se frottant les yeux ; dans ce moment, je ne sais pas bien encore où je suis.

— Vous êtes dans l’antichambre, et il est six heures du matin, dit Philippe en souriant.