Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/389

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— Il suffit que monsieur le dise pour que je le croie.

— Rappelez vos idées, Jean.

— Les voilà, monsieur, les voilà toutes !

— J’ai envoyé un laquais, hier.

— Un laquais ! répéta Jean d’un air ahuri.

— Vous en souvenez-vous ?

— Monsieur veut dire : deux laquais.

— Comment !

— Celui de l’après-midi et celui de minuit.

Philippe secoua doucement le bras de Jean.

— Ah çà ! vous réveillerez-vous à la fin ?

— Oui monsieur, dit Jean effrayé.

— Je vous demande s’il est venu hier un homme de ma part.

— De votre part ? oui, monsieur… avec une voiture.

— Eh ! non, dormeur enragé… avec un billet !

— Avec un billet, c’est vrai. Il est venu avec un billet, je l’avais oublié.

— Pour madame ?

— Pour madame, oui, monsieur, c’est moi qui l’ai reçu.

— Et vous avez remis immédiatement ce billet à ma femme, n’est-ce pas ?

Cette fois, Jean regarda Philippe avec une expression qui tenait non plus du sommeil, mais du complet ébahissement.

— Si j’ai remis ce papier à votre… à madame, balbutia-t-il.

— Répondrez-vous ?

— Mais monsieur sait si bien que…

— Je ne sais rien, dit Philippe avec impatience ; avez-vous, oui ou non, remis ce billet à madame ?

— Je l’ai donné à la femme de chambre, répondit Jean.

— Cela revient au même. Allez vous reposer.

— Je remercie monsieur. Je vais lui obéir.

Et Jean sortit, avec des gestes et des regards tels que Philippe en conçut quelques doutes sur la plénitude de sa raison. Après avoir remédié autant que possible au désordre que les fatigues avaient imprimé à sa toilette et à sa physionomie, Philippe