Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/39

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D’ici là, Irénée a le temps de revenir de quelques écarts. Deux ans sont suffisants à éteindre une amourette.

— Une amourette, oui. Mais un amour, mais une passion…

— Comment ?

— Savez-vous, continua la marquise de Pressigny avec une vivacité qui étonna sa sœur, savez-vous pourquoi M. de Trémeleu est venu à Teste, surtout après s’être, un mois auparavant, excusé de ne pouvoir nous y accompagner ?

— J’imagine que c’est précisément pour témoigner à nos yeux de la sincérité de ses excuses et de la réalité de ses motifs d’alors. N’est-ce pas cela ?

— Non. Rien, au contraire, ne saurait lui être plus désagréable que notre présence à la Teste.

— Mais pourquoi ?

— Parce qu’il vient y rejoindre une femme que depuis huit jours il attend d’un instant à l’autre.

— Une femme ! répéta Mme d’Ingrande, dont l’étonnement redoublait à chaque parole de la marquise.

— Oui, une femme, celle-là même qu’il a suivie à Londres et à Bruxelles.

— Comment ! cette chanteuse, cette Marianne ou Marianna ?

— Ne l’aviez-vous pas soupçonné ?

Mme d’Ingrande ne répondit point. Elle fixa ses yeux sur ceux de la marquise.

— Par quel hasard, lui demanda-t-elle, semblez-vous si bien informée des actions de M. de Trémeleu ?

La marquise de Pressigny laissa échapper un sourire qui lui était particulier.

— Que vous importe, dit-elle, pourvu que mes renseignements soient exactes !

— Du mystère ?…

— Peut-être ; mais n’allez pas m’en faire un reproche, puisqu’il s’agit du bonheur de votre fille.

— Vous ne faites rien comme les autres, ma sœur ; et grâce à la manie que vous avez d’envelopper vos moindres actions, on serait presque tenté de croire à ce que M. de Trémeleu disait tout à l’heure.

— Que disait-il donc tout à l’heure ?