Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/403

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— On a dû employer ce moyen pour vous conduire ici.

— Je ne suis donc pas chez le ministre ? dit Amélie avec étonnement.

— Vous êtes chez une de vos sœurs.

— Laquelle ?

— Vous l’apprendrez bientôt.

— Mesdames, mesdames, qu’est-ce que cela signifie ? Pourquoi m’a-t-on trompée ? Est-ce un jeu ? Dissipez mon inquiétude, je vous en prie.

— Au milieu de nous, vous n’avez rien à craindre, dit Mme Guillermy.

— Il n’importe ! On a usé de mensonge pour m’attirer dans cette maison ; je ne peux, je ne dois pas y rester.

— Ma chère enfant, dit la comtesse Darcet, votre volonté cesse d’être individuelle, du moins pour quelques instants ; car nous agissons au nom de la Franc-maçonnerie.

Ce mot glaça les veines de la jeune femme.

— De la Franc-maçonnerie ! murmura-t-elle !

— Quoique nouvelle dans notre ordre, vous n’ignorez pas la prudence de nos décrets, non plus que l’esprit de sagesse préside à nos actions. Vous alarmer, c’est donc nous faire injure.

— Mais pourquoi des détours ? Ne serais-je pas accourue de plein gré sur un appel de notre société ?

— Tout vous sera expliqué, dit Mme Ferrand avec douceur.

— J’en appelle à la grande-maîtresse.

— Son autorisation est inutile ici. Toute sœur a le droit de nous requérir au nombre de quatre, sans engager pour cela notre responsabilité.

— Qui vous a requises ? demanda Amélie.

Les quatre femmes gardèrent le silence.

— De sorte que je suis votre prisonnière, reprit-elle.

— Pour peu de temps.

— Mon mari s’étonnera de mon absence.

— Nous avons songé à tout ; que cette considération ne vous préoccupe point.

— C’est bien, dit Amélie ; je suis en votre pouvoir ; j’attendrai ma délivrance de votre bon plaisir.