Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/405

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une chambre à coucher était attenante à la pièce où elle était détenue : elle y passa la nuit. On lui avait donné une camériste, ou plutôt une surveillante.

Le lendemain, vers midi, elle entendit, vers midi, elle entendit un bruit de pas. Cinq femmes entrèrent. La première semblait la moins émue ; Amélie la reconnut : c’était Marianna. Toutes deux échangèrent un regard lent, profond.

— Madame, dit Marianna, vous êtes libre.

Une telle décision n’avait pas été prise sans de longues et mûres délibérations. Les arguments de Philippe Beyle, ses intentions, son énergie bien connue, tout cela avait été discuté et mis en opposition avec les projets de Marianna. Son plan de vengeance avait dû céder devant l’intérêt de la Franc-maçonnerie des femmes.

À ces paroles inattendues, Amélie demeura immobile et comme indécise.

— Si je suis libre maintenant, pourquoi donc étais-je prisonnière tout à l’heure ? dit-elle ; ma délivrance m’étonne autant que ma captivité.

— C’est à votre conscience qu’il appartient de vous répondre, répliqua Marianna.

Amélie se tourna vers les autres femmes, qui l’examinaient avec une sincère expression de tristesse.

— Et vous, mesdames, serez-vous plus explicites ? leur demanda-t-elle.

— Vous avez trahi notre société, murmura Mme Ferrand.

— Est-ce au témoignage de madame que vous vous en rapportez ? dit Amélie en désignant Marianna par un mouvement de tête méprisant.

— Non.

— Alors où sont les preuves de votre accusation ?

— Votre mari sort d’ici.

— Philippe ! s’écria-t-elle avec angoisse.

— Il a parlé, et ses paroles ont été entendues de nous.

— C’est impossible !

— Madame, notre douleur égale la vôtre.