Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/434

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raisonnables, aient pu motiver ma conduite pendant ces quinze derniers jours ?

— Faites connaître ces motifs ; mon devoir est de les apprécier, et s’ils plaident en faveur de votre bon sens, nul plus que moi n’est disposé à vous faire rendre justice.

M. Blanchard éprouva pour la première fois un sérieux embarras. Il ne lui était pas difficile de reconnaître la vengeance de la Franc-maçonnerie des femmes dans le coup qui l’atteignait ; mais il lui était impossible de parer le coup immédiatement, car il se sentait lié par l’engagement qu’il avait pris avec Philippe Beyle, lors de leur rencontre sur le boulevard des Invalides. « Donnez-moi votre parole d’honneur, avait dit Philippe, que vous ne révélerez à personne ce que vous aurez vu avant de me l’avoir révélé à moi. » M. Blanchard avait donné sa parole. Or, pour sortir de Charenton, c’est-à-dire pour fournir au médecin des explications satisfaisantes sur son aventure, il lui était indispensable de se dégager vis-à-vis de Philippe Beyle.

— Avant de confier à votre loyauté un secret dont la révélation entraînera ma mise en liberté, j’ai besoin d’écrire à Paris, dit M. Blanchard.

— Vous connaissez sans doute les usages de la maison ? répondit le médecin ; votre lettre doit m’être soumise avant de parvenir à son adresse. Mais si vous ne tenez pas à perdre de temps, écrivez-la sous mes yeux.

— Soit, dit M. Blanchard.

Il traça les lignes suivantes :

« Maison royale de Charenton.

« Je vous vois d’ici, mon cher monsieur Beyle, ouvrir des yeux étonnés en lisant les premiers mots de ce billet. Mon Dieu ! oui, je suis aux Petites-Maisons, comme disaient nos pères ; tout ce que j’ai pu imaginer, dans mon horreur des usages et des coutumes, sert aujourd’hui à ma confusion. Seulement j’ignore qui m’a procuré ce voyage imprévu, qui a payé les guides ;