Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/435

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je soupçonne qu’on aura acheté l’autorisation d’un mien neveu, mon unique parent. Voilà pour le côté pratique de cet enlèvement, digne du plus beau temps des prisons d’État. Maintenant, si je m’avise de chercher dans l’ombre la main qui a refermé sur moi les portes du monde soi-disant raisonnable, je la vois petite, blanche et gantée…

« Venez bien vite, mon cher diplomate ; je vous expliquerai comment vous êtes le principal obstacle à ma délivrance. Au nom de Salomon de Caux, du Tasse, de Latude et de tant d’autres de mes prédécesseurs, venez, si vous ne voulez pas que j’ajoute bientôt à ce martyrologe illustre le nom de votre infortuné serviteur.

« Blanchard.

« Division n° 10. »

Cette lettre fut envoyée immédiatement ; mais Philippe Beyle ne put en prendre connaissance, car, à la suite de la catastrophe qui avait terminé les jours de sa femme, une fièvre dangereuse s’était emparée de lui.

Surpris de ne recevoir aucune réponse, M. Blanchard écrivit une seconde lettre, puis une troisième.

« Je vous ai fait une promesse qui me gêne horriblement, lui disait-il ; la situation est sérieuse pour moi : il s’agit de savoir si je suis ou si je ne suis pas fou. J’attendrai encore une semaine, mais si, après ce délai, vous n’êtes pas venu me dégager de ma parole, je serai forcé de passer outre et de faire des révélations, comme on dit en style de cour d’assises. Où diable pouvez-vous en être ? Vous serait-il arrivé quelque chose d’analogue à mon accident ? Je tends les bras vers vous comme vers un autre Malesherbes ! »

Le même silence ayant accueilli cette missive, M. Blanchard se décida à demander un entretien secret et solennel au médecin en chef de Charenton. Dans cet entretien, il raconta minutieusement ses explorations