Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/436

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et ses découvertes autour de la cité des Invalides : il avait assisté, caché, à une réunion clandestine de femmes ; il avait reconnu Amélie, Marianna, la marquise, Pandore et une foule d’autres encore ; il avait entendu des secrets capables de troubler la tranquillité de plusieurs familles. Il termina en accusant hautement ce sanhédrin en robes de soie d’avoir attenté à sa liberté pour prévenir ses indiscrétions.

Le médecin l’écouta en souriant, de l’air d’un amateur qui entend une ariette pour la centième fois. Lorsque M. Blanchard eut achevé ses aveux, il chercha dans le dossier et y prit une feuille de papier numérotée.

— Vous voyez bien cette feuille ? dit-il.

— Oui, répondit M. Blanchard.

— Eh bien, tout ce que vous venez de me raconter y était écrit à l’avance.

— Qu’est-ce que cela prouve ?

— Cela prouve que votre manie est connue, qu’on en attendait l’explosion, et que l’explosion vient d’avoir lieu.

M. Blanchard pâlit.

— Alors ce que je vous ai révélé vous laisse incrédule ? demanda-t-il.

— Absolument, dit le médecin.

— Cette ligue de femmes ?….

— Illusion pure !

— Mais mon affirmation, mes yeux, mes sens !

— Aberration, délire passager.

— Monsieur !… s’écria M. Blanchard chez qui la colère se fit jour à la fin.

Le médecin agita un cordon de sonnette qui amena un infirmier.

— Chavet, attendez là mes ordres, dit froidement le médecin.

M. Blanchard avait eu le temps de se remettre.

— Faites retirer cet homme, dit-il avec émotion, je promets de me modérer.