Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/29

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fait, comme le Francaleu de la Métromanie, cinquante ans quand cela m’arriva, mais j’en comptais bien quarante-cinq. On ne s’en serait pas douté à la vivacité de mes manières, au feu de ma physionomie ; les hommes comme moi n’ont pas d’âge, tant qu’ils n’ont pas quatre-vingts ans.

Mes premiers ouvrages furent quelques romans, que je vous abandonne. Ils n’eurent pas de succès, et ils ne méritaient pas d’en avoir. C’étaient des histoires anglaises, flamandes, espagnoles, du rabâchage enfin ; j’étais allé chercher bien loin la vérité, qui était près de moi : — je ne suis pas le seul à qui cela arrive. — J’étais allé décrire des pays qui m’étaient inconnus, des mœurs que j’ignorais, tandis que là, autour de moi, il y avait un pays que je connaissais mieux que personne, des mœurs dont j’étais le représentant accompli, une langue qui m’était d’autant plus familière que je concourais chaque jour à son extension. J’avais inventé, au lieu de me souvenir, ce qui eût été beaucoup plus simple et bien plus amusant.

Je ne fus pas longtemps à comprendre cela ; et, lorsque je l’eus compris, j’écrivis Angola.