Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tantôt aux boulevards, dans les spectacles, où ils voltigent de loge en loge, font les singes à travers les trous de la toile, tracassent les actrices à leur toilette et traitent les auteurs d’insectes du Parnasse. Au bal, ils s’habillent en chauve-souris, dansent le carillon de Dunkerque et exécutent le pas de Marcel avec une admirable précision. Ah ! les beaux petits pantins que voilà !

Ainsi devraient faire, selon moi, tous les écrivains à qui le ciel n’a pas départi les grands dons de la passion et de la philosophie : penchés sur leur temps et sur leur société, ils en reproduiraient, même dans leurs détails les plus puérils, les usages, les habitudes quotidiennes, les costumes, les locutions, — tout ce que le génie ne peut s’arrêter à indiquer, et tout ce qui complète l’œuvre du génie ; tout ce que le présent dédaigne et tout ce que l’avenir recherche. De la sorte, les écrivains inférieurs auraient leur utilité, et les romanciers de second ordre pourraient se grouper autour des historiens ; leurs volumes, n’étant plus frappés dès leur naissance par l’épizootie particulière aux romans, survivraient à leur vogue et prendraient place parmi les livres consultés.