Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/44

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ant servi de la cabale, je devais périr par la cabale. Le Gouverneur, comédie en trois actes, dans laquelle je tournais de nouveau en ridicule les petits-maîtres et leurs façons de dire, le Gouverneur tomba lourdement, malgré un mérite réel de dialogue. Les procédés qui m’avaient si bien servi dans Angola ne furent d’aucun effet à la scène.

Certains hommes ne réussissent qu’une fois. Je vis que j’étais de ceux-là.

Après tout, les calculs de mes ennemis étaient absurdes : un succès de théâtre m’eût rendu l’homme le plus doux et le plus bienveillant du monde ; la reconnaissance m’eût enchaîné aux comédiens, et la prudence m’eût fait ménager les auteurs, mes collègues ; — tandis que mes chutes m’exaspérèrent et détruisirent en moi jusqu’aux derniers principes de la plus simple justice. Je rendis passion pour passion ; je fus cruel envers les autres comme on l’avait été à mon égard. Chassé de ce temple, dont le séjour avait été le rêve de toute ma vie, je me montrai sans pitié pour ceux qui, plus heureux que moi, en franchissaient sans effort les portes d’airain. Je n’étais que chef de cabale, je me fis pamphlétaire. Lorsque