Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/45

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je n’avais pas bien tué une pièce avec le sifflet, je l’achevais avec la plume ; un auteur ne s’échappait jamais de mes mains que bafoué et meurtri.

Toutes les œuvres principales ont été marquées par mes brochures ; c’étaient tantôt de Très-humbles remontrances à la cohue au sujet de Denis le Tyran (la cohue ! ainsi exprimais-je mon mépris pour le public) ; tantôt des Observations sur le Duc de Foix, de Voltaire ; des Lettres sur les Héraclides, de Marmontel ; des Réflexions sur Electre, de Crébillon ; sur Oreste, sur l’Orphelin de la Chine, — sur quoi encore ? Il y aurait un énorme volume à composer de toutes ces satires, de toutes ces analyses, de toutes ces dissertations, de toute cette rancune manifeste et ardente, où souvent éclatent, à travers un parti pris de dénigrement, un sens littéraire très-sain et très-fin, des aperçus nouveaux et l’autorité d’une expérience douloureusement acquise. La haine est quelquefois un bon éperon pour la raison ; et les yeux courroucés sont ceux qui courent après la grande lumière, si aveuglante qu’elle soit.

Ah ! j’étais actif, j’étais fort, je vivais en guerre