Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/54

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facile à monsieur le chevalier, lorsqu’on joue des pièces comme celle-ci, par exemple. Tenez, écoutez : quelle grâce dans la période ! quelle majesté dans la rime ! Ah ! les beaux vers ! les beaux vers !

Les deux exempts se mirent à l’unisson et applaudirent à tout rompre.

— Bravo ! Clairon ! bravo ! criait le premier.

— Bravo ! Voltaire ! bravo ! criait le second.

On se représente ma situation ; elle n’était pas tenable. Je quittai la place au troisième acte pour aller exhaler ma rage dans la rue.

Le lendemain , je ne parus pas à la Comédie française ; le surlendemain non plus. À la fin de la semaine, j’y entrai , non sans une vive appréhension. Les deux exempts m’attendaient ; ils me rejoignirent et se placèrent à mes côtés, après m’avoir donné toutes sortes de marques de respect.

Il m’était impossible, dans cette aventure, de méconnaître le doigt de Frétillon.

J’enrageai. Ma contenance fut toutefois celle d’un homme de condition, qui prend galamment les choses, et qui compte assez sur son imagination pour n’être pas inquiet de sa revanche.