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XIV

DÉNOUEMENT

Croiriez-vous, monsieur, que je vécus encore treize ans après cette perte irréparable ? La vie s’était enlacée à moi comme un châtiment.

Je m’étais retiré dans un coin de l’île Saint-Louis. Depuis la mort de Denise, j’avais renoncé au théâtre, au café, au monde, à tout. Je n’eus pas de peine à me faire oublier ; — mais je n’oubliai jamais, moi.

Enfin, à l’heure où j’achevais ma quatre-vingt-troisième année, une maladie de langueur m’atteignit ; elle dura deux ans entiers, à la fin desquels je m’éteignis dans les premiers jours du mois de février 1785.

Je mourus comme j’avais vécu. N’ayant jamais donné, ainsi que je l’ai déjà dit, aucune preuve de philosophie ni de religion, je tournai le dos au prêtre qui vint pour m’assister à mes derniers moments.