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CUBIÈRES.

II

DORAT-CUBIÈRES. — MARAT-CUBIÈRES.

Il faudrait la plume dorée et moqueuse d’Angola pour raconter toute cette première période de l’histoire de ce poëte zinzolin, en qui devait se trouver un jour l’étoffe d’un greffier révolutionnaire. Jusqu’en 1789, on le voit marcher dans les roses à mi-corps, comme un poussin dans l’herbe haute de la Normandie. La mythologie n’a pas assez pour lui de Nymphes, d’Amours et de Zéphirs ; la mode n’a pas assez de médaillons, d’éventails, de pipeaux, de luths, de guirlandes, de chiffres, de boucles, d’urnes, et de tout ce qui compose l’inventaire des poëtes de ce temps. Les lauriers du marquis de Saint-Marc, du chevalier Bertin, du marquis de Pezay et de tant d’autres jolis chiffonneurs de rubans et de brimborions, empêchent son sommeil ; il veut les surpasser. Hélas ! il ne réussit qu’à devenir leur caricature ; ils sont délicieux, il est insupportable. Dorat n’avait jeté que quelques grains de musc dans le sein et sur la parure de la poésie ; Dorat-Cubières veut la noyer dans un torrent d’eau de senteur. Il exagère une manière qui est elle-même une exagération. Sous le titre des Hochets de ma jeu-

    rade mais assez malséante. Faut-il la citer ? Pourquoi pas ?

    Avant qu’en mon dernier mon tout se laisse choir,
    Ses vers à mon premier serviront de mouchoir.

    Le mot est Cu-bière.