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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

nesse, il publie deux volumes de fadeurs, où il loue tout le monde, les vivants aussi bien que les morts, Pope, le comte d’Artois, madame Deshoulières, Buffon, le peintre Vernet, saint Jérôme et la princesse de Lamballe :

Du haut des célestes remparts
Quelle Immortelle est descendue ?

C’est cette flatterie perpétuelle et à outrance, c’est cette facilité torrentielle, cette prolixité méridionale qui ont toujours tenu Dorat-Cubières enfermé dans les barrières de la médiocrité, souvent même dans celles du ridicule.

Il n’eut du talent que par hasard, comme beaucoup de son pays ; et, sans la place qu’il occupe dans l’histoire des mœurs littéraires de la fin du dix-huitième siècle, sans l’époque exceptionnelle et terrible à laquelle il s’est mêlé activement, sans quelques côtés réjouissants de son humeur, il est probable que l’idée ne me fût jamais venue de ressusciter ce brouillon.

Son intempérance poétique se trouvant encore contrariée par les nécessités de son service auprès de la comtesse d’Artois, il obtint la permission de traiter de sa charge. Jetons un vaste linceul sur la montagne de volumes que, depuis lors, il a fait peser sur son siècle. On n’entasse pas des riens avec plus de gravité et d’empressement que Dorat-Cubières : il ne voudrait pas faire tort à la postérité d’un hémistiche seulement. La postérité a roulé en cornets l’édition entière de ses œuvres…

Le chevalier Dorat-Cubières se trouvait chez madame de Beauharnais, occupé sans doute à broder