Page:Monselet - Les Oubliés et les Dédaignés, 1876.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
ii
PRÉFACE.

système ces personnalités diverses. De l’enthousiasme, il ne nous était guère possible d’en éprouver pour ces natures, la plupart sans élévation, et, quant à un système, tout au plus pouvions-nous les rallier à la désorganisation du principe classique.

Un ouvrage par lequel nous avons préludé à ces exhumations, et qui est consacré tout entier à l’examen des deux cents volumes de Rétif de la Bretonne, nous a prouvé qu’il n’était pas impossible de vaincre certaines préventions du public et de défaire en partie ses opinions[1]. Les œuvres, jadis tant conspuées, du romancier des halles, sont aujourd’hui en haute valeur dans les ventes publiques. Il y a évidemment sinon réaction, du moins curiosité. Nous n’avons pu nous empêcher de tirer de ces symptômes un encouragement.

Il nous a semblé, en outre, que le mouvement d’attention que nous voulions essayer de diriger sur ces écrivains, tombés en disgrâce, avait son équivalent dans le mouvement de vogue qui s’est déterminé, depuis trente ans, en faveur d’un assez grand nombre d’artistes français du dix-huitième siècle, longtemps négligés, tels que Jeaurat, Chardin, Lépicié, Moreau le Jeune, Debucourt. Les ana-

  1. Rétif de la Bretonne, un vol. in-12, avec portrait et fac-similé ; tiré à 500 exemplaires sur vergé, vélin et papier de Hollande. — Paris, 1854 ; Alvarès, éditeur, rue de la Lune.