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CUBIÈRES.

Dégoûté des collaborations posthumes, Cubières-Palmézeaux composa, avec Pelletier-Volmérange, une pièce intitulée Paméla mariée, qui renferme quelques scènes. Il s’adjoignit également Moline pour quelques opéras, dont Porta et Catruffo firent la musique. La plupart de ces pièces, ainsi qu’un grand nombre d’autres qui n’ont jamais vu le jour de la rampe, sont imprimées. Il en est deux qui suscitèrent de vives réclamations : une tragédie de Sylla, attribuée par lui à Pierre Corneille, et une autre, la Mort de Caton, publiée sous le nom de l’abbé Geoffroy. Le fameux aristarque, qui n’entendait pas la plaisanterie, cita Cubières devant le juge de paix, lequel déclina humblement sa compétence et renvoya les parties devant le tribunal des Muses (style Dorat-Cubières).

Ce n’était pas la première fois que notre poëte se rendait coupable de cet étrange délit ; déjà il lui était arrivé, en 1788, de signer les États Généraux de l’Église du nom de l’abbé Raynal. Une autre fois il se fit passer pour mort, afin sans doute de voir la vogue s’attacher à ses ouvrages ; mais son but n’ayant pas été rempli, il ressuscita le troisième jour.

J’ai dit que le chevalier de Cubières avait eu souvent du talent, cela est vrai. Je ne connais rien de plus joli, dans le genre précieux, que cette chanson adressée à la comtesse de Beauharnais :

Vous m’ordonnez de la brûler
Cette lettre charmante,
Seul bien qui pût me consoler
De vous savoir absente ;