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CUBIÈRES.

NOTES

Ce portrait a été publié pour la première fois dans le Constitutionnel ; il me valut la lettre que voici :

Trouville, 7 septembre 1851.
« Monsieur,

« Dans l’intérêt de la vérité historique, je vous demande la permission de vous adresser une observation sur les deux articles que vous venez de consacrer au chevalier de Cubières dans le Constitutionnel. J’ai connu cet homme de lettres dans les derniers temps de sa vie ; il était fort misérable, malproprement vêtu, le dos voûté, et si pauvre, que, pour son dîner, il achetait tous les jours deux œufs rouges chez une fruitière de la rue du Dragon, et allait les manger chez un marchand de vin de la place de la Croix-Rouge. Il demeurait alors et il est mort dans une petite rue que je crois être la rue Saint-Romain, donnant rue de Sèvres. Quant au jugement que vous portez sur son caractère politique et sur ses talents littéraires, il me paraît empreint d’une trop grande indulgence ; mais c’est une opinion que je conçois qu’on ne partage pas.

« Agréez, monsieur, l’assurance de ma parfaite considération.

« Le Brun. »

Nous ne supposions pas que le dénûment de Cubières fût aussi complet. Dans tous les cas, le pauvre homme conserva jusqu’à la fin son caractère obligeant ; ne pouvant plus faire le bien lui-même, il