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OUBLIÉS ET DÉDAIGNÉS.

diens à mon sujet ; mais pour en obtenir justice, je n’attirerai pas sur eux l’animosité des citoyens ni les crimes révolutionnaires. J’ai failli être assassinée, pour prix de mon civisme, par une bande de leurs satellites ; et si je vis encore, c’est peut-être par un de ces miracles que l’innocence ne trouve pas toujours sur son chemin. Il ne s’agit pas sans doute de vouloir que ma pièce soit bonne si elle est mauvaise ; mais ce qui m’importe véritablement, c’est de prouver au public que ce n’est point ma pièce qu’on a représentée sur le théâtre de la République, mais une pantomime de la façon des comédiens.

« Citoyens littérateurs, hommes sensés, jugez ma pièce d’après vos connaissances et votre conscience !

« Je ne demande point que le théâtre en continue la représentation ; je demande que cet ouvrage me soit payé. Le sacrifice de ma fortune et de mes veilles en faveur de la chose publique me réduit à la noble nécessité de vivre actuellement de mes talents. J’avoue qu’en auteur sensible, je n’ai pas vu indifféremment massacrer ma pièce. J’ai parlé au public en grand homme, en excusant les acteurs, quand j’avais lieu de les mépriser. Malgré cela, je me suis vue tout à coup assaillie par une bande de juges-gladiateurs, qui m’ont vomi, comme s’en glorifie le sieur Ducray, dans son libelle les Petites affiches, les ordures qui convenaient sans doute aux actrices qui les avaient commandées. Ce journaliste a eu l’impudeur d’avancer que le public s’est fait justice. Qui pourrait croire, si cela n’était pas imprimé, une semblable calomnie contre le public, qui a lieu de m’estimer et peut-être de m’admirer ? Infâme libel-